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De la nécessité du Cambodge dans MGSV TPP

MGS, Kojima, PS4, PS5, Death Stranding, SONY, V, PHANTOM PAIN, Snake, Venom Snake, Truth, Vérité, Ocelot, Kaz, Skull face, Hideo

Attention : L’article, ici présent, est de la littérature grise donc à ne pas considérer comme scientifique (article n’ayant pas été révisée par les pairs). De plus, il comprend des spoils concernant Metal Gear Solid Peace Walker, Metal Gear Rising : Revengeance, Metal Gear Solid V Ground Zeroes et Metal Gear Solid V The Phantom Pain. Il est fortement recommandé de lire l’article “Rétrospective de MGS 3 : Comment détruire son propre message ?” avant celui-ci afin de mieux appréhender le contexte.

L’introduction

Pour ceux qui ont joué à MGSV, vous savez que nous opérons sur deux terrains militaires emblématiques des années 80 : l’Afghanistan sous l’occupation soviétique et la frontière entre le Zaïre (la République Démocratique du Congo actuelle) et l’Angola auquel se joue une guerre civile incluse dans la Guerre de la frontière sud-africaine. Ces deux opérations n’ont pas été choisies par Kojima au hasard, elles s’inscrivent dans sa critique de la dernière décennie de la Guerre froide : les proxy war des années 80 entre l’URSS et les Etats-Unis (E-U), les intérêts américains en Asie centrale et en Afrique australe quitte à soutenir des groupes fondamentalistes et un Etat apartheid, le dernier sursaut soviétique et les violations par cette dernière du droit international humanitaire, ect, ect. Néanmoins, un autre conflit, très particulier, passe à la trappe alors que sa complexité est tout aussi intéressante que les deux autres jouables : ce conflit se situe en Asie du Sud-Est… Comme vous l’avez compris, cet article va se focaliser sur le conflit cambodgien (1978-1999); qui lui-même s’inscrit dans la continuation du conflit sino-soviétique.

“Les accusations et contre-accusations lancées par Phnom-Penh et Hanoï ont mis soudain en lumière des problèmes profonds que l’on ne pouvait jusqu’à présent que pressentir. Le Cambodge affirme que le Vietnam, outre son objectif immédiat de pillage de denrées alimentaires, cherche en réalité à inclure son adversaire dans une sorte de fédération indochinoise placée sous sa domination, accusation qui est depuis longtemps un des thèmes favoris des critiques occidentaux du Vietnam. De son côté, le Vietnam accuse le Cambodge d’attaques répétées de son territoire et de massacres d’innocents villageois proches de la frontière, et ce grief fait écho à des plaintes identiques émanant de l’autre voisin du Cambodge, la Thaïlande. Hanoï a réalisé un film documentaire montrant des femmes éventrées et des corps d’enfants mutilés, censés être les victimes des attaques khmères. A la différence du Cambodge, cependant, Hanoï n’a pas fourni jusqu’à présent d’explication claire à l’«agression cambodgienne», hormis l’existence alléguée d’une campagne visant à «semer la discorde au sein de la nation vietnamienne»”

Nayan R. Chanda, “Le conflit vietnamo-cambodgien”, Le Monde Diplomatique, février, 1978, https://www.monde-diplomatique.fr/1978/02/CHANDA/34593 (visité le 27/05/2023)

Le Cambodge, ce pays d’Asie du Sud-Est, a connu l’un des conflits les plus meurtriers de la Guerre froide, une guerre civile qui a duré 20 ans. Pour comprendre la situation de l’époque, ce texte va analyser l’histoire du conflit en 5 phases structurées chronologiquement. Nous commencerons par la situation du Cambodge entre 1975 et 1979, avant de reprendre par le conflit en lui-même et de terminer par la recherche d’une résolution.   

 

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Carte d’une partie des pays de l’Asie du Sud-Est

Des prémices du conflit jusqu’à l’intervention vietnamienne (1968- janvier 1979)

En préambule, il faut rappeler que les Khmers rouges sont une entité politique communiste de tendance maoïste créée en 1968, par Pol Pot, très ancrés dans le monde paysan cambodgien(1). Sur l’ascension des Khmers rouges, le groupe va profiter, par le contexte du tout début des années 70, sur base d’un calcul politique, d’une alliance avec le prince Sihanouk récemment destitué par le parlement suite à sa politique neutre (sa politique étrangère avec le Vietnam et la Chine se corrélait avec sa politique interne de surclassement des marxistes cambodgiens(2)) pour gagner de la légitimité symbolique et avec le Vietnam pour l’aide militaire – alors même qu’ils se haïssent mutuellement – afin de combattre les Américains et ses alliés de la région(3). Avec la victoire vietnamienne, en 1975, contre les E-U, Pol Pot prend le contrôle du pays et instaure la « République du Kampuchéa démocratique ». Il met en place une politique liant ruralisation, collectivisation et racisme amenant à la mort d’1/3 de la population(4/5) : les Khmers rouges ont obligé les citadins (le nouveau peuple dans le vocable des Khmers rouges) l’exode urbain afin de les intégrer dans des fermes collectives pour leurs inculquer la fin de l’individualisme « tout en aidant » les paysans (l’ancien peuple) ; sans parler de l’abolition de la religion (Bouddhisme entre autre)(6). Sur la question du nationalisme khmer, les minorités ethniques subissent les politiques génocidaires(7). Les Vietnamiens du Cambodge, quant à eux, sont les premiers ennemis(8/9/10/11/12) des Khmers rouges, et ce, aidé par la xénophobie cambodgienne depuis la fin des années 60 suite à la Guerre du Vietnam(13), en plus des querelles historiques et idéologiques ; en effet, sur le côté idéologique, le Vietnam suit la ligne du révisionnisme soviétique, ce qui constitue une trahison pour les maoïstes dont Pol Pot épura, en interne, tous les Khmers rouges proche du Vietnam(14). En outre, les Khmers rouges harcèlent les Vietnamiens à la frontière vu la peur que représente le Vietnam et de sa volonté de créer une fédération indochinoise; cela est perçue comme un impérialisme(15). C’est dans ce contexte que le Vietnam va intervenir dans le pays, en 1978, avec le soutien matériel de l’URSS(16), pour mettre fin aux agissements de Pol Pot. Il se verra dans l’obligation de prendre le maquis en 1979 suite à la victoire de l’envahisseur. Le Vietnam profite de la situation pour installer un gouvernement lui étant favorable : le gouvernement de Phnom Penh (Phnom Penh étant la Capitale du Cambodge) ; fondant ainsi la « République populaire du Kampuchéa ».

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L’entrée des troupes vietnamiennes à Phnom Penh, le 7 janvier 1979

informations complémentaires :

La situation entre 1979 et 1999

  1. le gouvernement de Phnom Penh

Avec l’instauration de ce nouveau gouvernement, le Cambodge met fin aux politiques de Pol Pot, du moins tous ce qui n’est pas relié à la collectivisation(17) : la collectivisation sera arrêtée temporairement pour permettre aux gens de survivre. Néanmoins, dès le retour de cette politique, et ce, jusqu’en 1985, Hanoï fait pression pour une uniformisation, mais cela échouera face à la résistance paysanne(18). Sur la question du commerce extérieur, le Cambodge est déficitaire vu qu’il importe 70% de ses besoins avec le bloc socialiste(19); si on se focalise sur le commerce avec le Vietnam, le pays échange son riz contre des biens industriels d’Hanoï(20). Sur le côté militaire, même en ayant les aides vietnamiennes, le gouvernement doit faire face à la désertion massive et à un faible moral vu la circonscription obligatoire, la corruption du régime et l’ingérence vietnamienne (contexte de xénophobie antivietnamienne), ce qui donne du grain à moudre à l’opposition(21). Au niveau international, le gouvernement se verra accusé de laisser l’occupant vietnamiser le pays. En réponse, la défense est axée sur un simple retour au pays des Vietnamiens expulsés durant les années 70(22).

2. Le jeu des puissances dans le conflit

Au niveau international, cette guerre est dans la continuité du conflit sino-soviétique qui sévit depuis la deuxième moitié des années 50 ; la Chine voit le Cambodge comme un tampon face au Vietnam soutenu par Moscou(23). Lors de l’intervention du Vietnam (décembre 1978), la Chine va activer des contre-mesures économiques(24) pour l’obliger de se retirer, mais celles-ci n’auront aucun effet. Elle adoptera donc une intervention militaire punitive, début 1979, dans le Tonkin (partie nord du Vietnam)(25/26): l’opération est certes une victoire tactique avec la destruction des industries stratégiques. Néanmoins, au niveau stratégique, c’est un échec. Le Vietnam a su garder ses positions au Cambodge, sans parler que Pékin, par son incursion; s’est mis à dos les pays de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) (l’ASEAN est une organisation politique, économique et culturelle) et de la région qui lui étaient favorable, donnant du poids à l’argument d’une Chine bien plus dangereuse que le Vietnam(27). Face à ce problème, la Chine, par voie diplomatique, essaye de convaincre les pays de l’ASEAN pour qu’ils fassent un front antivietnamien uni en échange de compromis (fin des aides aux guérillas, contrôle plus assidu de la diaspora et des partis communistes, ect)(28) ; La Chine arrive à faire soutenir, tout de même, les Khmers rouges et à ne pas faire reconnaitre le gouvernement de Phnom Penh internationalement. Cependant, certains pays comme la Malaisie et l’Indonésie ne font aucunement confiance envers les promesses chinoises, elles la [Chine] considèrent comme étant bien plus menaçante pour la région et restent ouvertes au Vietnam(29) ; elles le [Vietnam] veulent aussi forte pour faire tampon entre la Chine et l’ASEAN tout en étant extrait du giron soviétique(30).

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Un carte montrant l’intervention vietnamienne de décembre 1978 et l’intervention chinoise de février 1979

Avec les occidentaux, la Chine arrive à mettre en place un embargo contre le Vietnam et faire pression contre Moscou(31). Si on s’intéresse aux E-U, le pays va jouer le jeu de la Chine afin d’unifier l’ASEAN contre le Vietnam et son projet indochinois(32) ; Washington va aider diplomatiquement les Khmers rouges(33). Cependant, sur l’aide économique, la Maison-Blanche le fait juste au vu de la situation de dépendance et de faiblesse des factions non-communistes envers les Khmers rouges(34). Sur la réalité du terrain, les Khmers rouges sont les seuls à pouvoir s’opposer à Phnom Penh : leur stratégie de guérilla étant bien plus efficace pour déstabiliser que les opérations conventionnelles menées par les factions non-communistes(35). Sans compter la bienveillance locale que connaissent les Khmers rouges à leur égard suite à leur comportement très discipliné(36), en plus des évolutions idéologiques internes qui les ont rendus moins extrêmes que durant leur contrôle du pays (1975-1979) via la nouvelle génération de combattants bien moins politisée(37).

De son côté, le Vietnam, face à l’isolement qu’elle subit par les pays de l’ASEAN, joue aussi avec sa diplomatie pour casser le front uni en utilisant la menace Khmer rouge(38). L’URRS, comme indiqué précédemment, soutient le Vietnam, mais commence à être agacée économiquement(39).

La Thaïlande, quant à elle, se rapproche de la Chine. Pour des raisons historiques(40), elle a toujours considéré le Vietnam comme un rival. Dans le contexte de la guerre, elle craint de voir l’influence d’Hanoï proche de ses frontières et, de surcroit, un potentiel retrait des Khmers rouges dans son territoire qui donnerait un casus belli aux Vietnamiens les poussant à intervenir en Thaïlande(41). Sur les questions économiques, son rapprochement avec la Chine lui sert à faire du commerce avec les Khmers rouges. En effet, les hommes de Pol Pot ont des moyens de se financer(42/43) via l’exploitation de pierres précieuses, de bois précieux et de drogues dont la Thaïlande profite ; elle sert de relais à la Chine sur l’approvisionnement en matériel (arme, ect) et envoie ses propres hommes pour l’exploitation des ressources naturelles d’une part et d’autre part à la formation militaire des Khmers rouges(44).

information complémentaire :

3. Le jeu des puissances dans la lente résolution

La guerre jouera un rôle dans la normalisation des relations sino-soviétiques qui servira à son tour à régler la situation au Cambodge. En effet, vers la deuxième moitié des années 80 et à la mise en place de la Perestroïka, l’URSS ne voit plus aucun intérêt pour le Cambodge, elle se voit comme un acteur de stabilisation en rassurant les pays de la région de la non-intervention vietnamienne en Thaïlande même si Bangkok signalera des troupes vietnamiennes dans son territoire(45). Moscou fait pression sur Hanoï pour l’amener à opérer son retrait du Cambodge au calendrier fixé fin 1989/début 1990(46). Pour s’assurer de sa crédibilité auprès de la Chine et des occidentaux, l’URSS retire ses bases du Vietnam(47). La Chine, de son côté, commence à diminuer son soutien aux Khmers rouges et la Thaïlande fait de même; elle se rapproche même du Vietnam(48).

information complémentaire :

4. Les belligérants dans la lente résolution

En ce qui concerne les acteurs belligérants, mettre fin au conflit est une chose non aisée vu les obstacles qu’ils connaissent avec les Khmers rouges. Au vu de la situation, vers la fin des années 80, les Khmers rouges sont de moins en au moins soutenus militairement, au contraire, elle subit des pressions pour mettre fin à cette guerre(49), mais vu ses capacités autonomes de financement, elles résistent sur certaines propositions(50). Cependant, la Chine garde son soutien envers les Khmers rouges, mais en lui demandant d’accepter le jeu démocratique pluraliste(51). De l’autre côté, le gouvernement de Phnom Penh et le Vietnam, eux, refusent catégoriquement de s’entretenir avec Pol Pot et les Khmers rouges, rendant complexe la résolution ; à plusieurs reprises, durant les années 80, dans l’Assemblée générale de l’Organisation des Nations Unies (ONU), le Vietnam se tient prêt à discuter sur des propositions de résolutions, mais insiste sur son intransigeance envers les Khmers rouges(52). Il faut rappeler aussi que des solutions sont tombées à l’eau à cause de la non-présence des Vietnamiens(53) et du gouvernement de Phnom Penh. Un comportement de la chaise vide suite au jeu de l’ASEAN dans l’unification des différents mouvements de résistances cambodgiennes en vu d’un gouvernement de coalition(54).

Les non-communistes et les provietnamiens essayent de trouver une solution, mais cela est bloqué à cause des divergences de proposition : les Vietnamiens sont prêts à accepter le retrait si et seulement si cela va de pair avec la démilitarisation des Khmers rouges et de la reconnaissance du Phnom Penh(55) , mais l’ASEAN refuse vu que ceci ne cherche pas à résoudre, de manière globale, le conflit(56). Durant les années 1987-1988, la France propose que se tiennent des discussions secrètes et/ou informelles dans son territoire dans l’objectif de régler la question entre Vietnamiens, provietnamiens et non-communistes(57). Il y a blocage au niveau du cadre juridique utilisé pour la résolution(58) : les provietnamiens veulent le faire dans le leur alors que les non-communistes non. Au final, un compromis assez flou sera trouvé sur le multipartisme et le parlementarisme. Entre temps, sur la question des Khmers rouges, il faut attendre fin 1988(59), avec le retrait du prince Sihanouk(60), pour que les non-communistes trouvent une solution avec le Vietnam n’incluant pas les Khmers rouges amenant par conséquent à la conférence de Paris de 1989 auquel le Vietnam indiquera sa date de retrait du pays(61).

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Des soldats vietnamiens à Kampong Cham en 1989, se préparant à quitter le pays

information complémentaire :

*L’Organisation des Nations Unies est une organisation internationale fondée en 1945. Aujourd’hui, elle compte 193 États Membres. La mission et le travail des Nations Unies sont guidés par les objectifs et principes énoncés par sa Charte fondatrice. L'ONU constitue un forum où ses membres peuvent exprimer leur point de vue à l'Assemblée générale, au Conseil de sécurité, au Conseil économique et social ainsi que dans d'autres organes et commissions. Grâce à son rôle dans le dialogue et la négociation, l'Organisation est devenue un mécanisme permettant aux gouvernements de trouver des domaines d'entente et de résoudre ensemble des problème

5. La mission de l’ONU après la conférence de Paris

Dans la foulée, le Conseil de sécurité prend des mesures pour que l’ONU gère l’administration provisoire dont toutes les parties accepteront le projet plus tard(62). L’ONU a pour mission via l’Autorité provisoire des Nations unies au Cambodge (APRONUC) de veiller aux désarmements et au cessez-le-feu afin d’installer une ambiance politique neutre et pacifiée(63).

Cependant, Sur le terrain, l’APRONUC n’arrive pas à mettre à bien son mandat vu son impuissance à faire respecter le cessez-le-feu aux Khmers rouges(64). En regardant de plus près, la mission, en plus du cessez-le-feu, devait mettre fin à la capture de territoire et à l’aide étrangère, mais les Khmers rouges n’ont eu que faire de cela et ont continué de recevoir des aides provenant de la Thaïlande(65) ; les violations thaïlandaises sont facilitées par le fait que le QG central de la mission soit basé dans son pays(66) laissant continuer les Khmers rouges à gagner du territoire tout en fermant l’accès aux membres de la mission(67). En plus des Khmers rouges, le Parti du peuple cambodgien (PPC) dont les cadres sont d’anciens de Phnom Penh met des bâtons dans les roues de l’APRPOUC en ne collaborant pas(68). D’où la lente mise en place de la démocratie multipartite : l’échec vient de l’impossibilité à imposer la paix. Le conflit continuera jusqu’en 1999 suite à la prise du dernier bastion Khmer rouge.

Sur le côté administratif, la partie électorale de la mission est un succès : la mission arrive à former des membres pour le processus électoral (comptage, ect)(69). Sur un plan politique, les premières élections (1993) sont un fiasco vu que personne n’avait la majorité requise pour le scrutin et que l’armée sous contrôle du PPC ne reconnaissait pas les résultats(70) ; le prince Sihanouk ira pacifier la situation mais son gouvernement n’est pas reconnu par la mission(71). C’est qu’après 1999 qu’une solution politique sera trouvée.

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Poste de commandement du contingent français de l’APRONUC

information complémentaire :

*L'Autorité provisoire des Nations Unies au Cambodge (mars 1992 - septembre 1993) a été créée pour assurer la mise en œuvre de l’Accord. Le mandat de l’APRONUC a pris fin en septembre 1993 avec la promulgation de la Constitution du Royaume du Cambodge et l'inauguration du nouveau Gouvernement royal du Cambodge, élu démocratiquement.

Commentaire :

En conclusion, le conflit cambodgien qui est à la fois un conflit internationalisé et non internationalisé a débuté, en prémices, par le contrôle du pays par les Khmers rouges suite à la victoire vietnamienne en 1975. Les Khmers rouges vont irriter les Vietnamiens par les politiques xénophobes antivietnamiennes et les attaques à la frontière amenant Hanoï à intervenir au Cambodge en 1978. La victoire des Vietnamiens, en 1979, va installer au Cambodge une guerre civile entre le gouvernement provietnamien de Phnom Penh et l’opposition composée de Khmers rouges et de factions non-communistes. Ce conflit est, par ailleurs, une guerre de proximité confrontant l’URSS face une Chine accompagnée des E-U où chacun va soutenir son vassal pour surplanter le vassal de l’autre : la Chine derrière les Khmers rouges et l’URSS derrière les provietnamiens. La Chine profite de la guerre pour s’insérer diplomatiquement avec les pays de l’ASEAN et surtout la Thaïlande dont cette dernière jouera le rôle de relais entre Pékin et les Khmers rouges. Avec la fin de la Guerre Froide, les belligérants commencent à se mettre à table pour discuter de la pacification du Cambodge. Bien que la chose soit lente et difficile, ils trouvent tout de même un accord qui sera officialisé par la conférence de Paris de 1989 où sera imposé la date de retrait des troupes vietnamiennes, les conditions du cessez-le-feu et la mission de l’ONU. Cependant la mission de l’ONU est dans une impasse dans les années 90 et le pays ne sera pacifié qu’en 1999 avec la fin militaire des Khmers rouges.

Comme vous avez pu le constater, le conflit cambodgien est intéressant à comprendre vu qu’il s’inscrit, et ce de manière brutale, dans la continuation du conflit sino-soviétique et dans sa conclusion. Elle permet aussi de voir que les proxy war des années 80 ne s’inscrivent pas toutes dans la logique de confrontation entre l’Ouest en pleine ascendance et l’Est en plein décrépitude. le Cambodge étant une proxy war entre les 2 Grands du bloc communiste : la Chine et l’URSS. Mais encore, l’alliance objective entre la Chine et les E-U montre ainsi une autre facette de l’administration de Reagan et de sa complexité face à certains Etats et/ou groupes communistes d’où le sujet de l’article qui se veut, via l’explication du conflit, une critique de la vision prônée par Kojima qui quand bien même se veut réprobateur reste malheureusement dans les biais classiques autocentrés Est/Ouest alors que le conflit cambodgien est un exemple assez concret de cette porosité où Chinois, Khmers rouges et Américains se sont alliés objectivement contre les Soviétiques, les Vietnamiens et le gouvernement de Phnom Penh ; sans parler du fait que la Chine fut partie prenante dans les aides militaires aux moudjahidines en Afghanistan(72). Non seulement, cela aurait été aussi intéressant de revenir sur la Guerre du Vietnam afin de faire pont avec Peace Walker (PW) et Ground Zeroes (GZ), PW vu que la majorité des ennemis affrontés sont d’anciens vétérans du Vietnam qui, par ailleurs, constituent les hommes de Militaire Sans Frontière (l’armée de Big Boss) si on les capture. On pourrait imaginer des cassettes dans lesquelles Kaz revient sur ses souvenirs impliquant les hommes qui ont participé à cette guerre (nostalgie de la Mother Base, rigolade, partage d’expérience militaire, ect). GZ pour rajouter plus de trouble aux missions dites « pseudo-historiques » comme celle où on devait détruire les batteries de DCA impliquant le fameux prisonnier qui une fois entre nos mains nous explique la situation que différents agents de différents services de renseignement sont en train de collaborer ensemble, élément censé être “pseudo-historique”, mais tout de même réaffirmé dans The Phantom Pain via une des cassettes de Kaz. Imaginons un raisonnement similaire qui serait appliqué à l’œil et le doigt, et ce, par des cassettes et/ou par l’expérience des soldats vietnamiens s’ils étaient les ennemis de la zone (discussions entre soldats) dans lequel ils décriraient leur “rencontre” avec les deux compères au Laos, en plus de la Guerre du Vietnam et de ses conséquences (l’après-guerre, l’intervention punitive chinoise de 1979, les effets de l’agent orange (herbicide utilisé contre la végétation dans le but de mettre à découvert tout objectif lié aux soldats nord-vietnamiens dont les conséquences dévastatrices se font encore sentir en terme sanitaire et environnemental (73/74) et l’intervention au Cambodge et son occupation, ect). Dans une moindre mesure, on aurait pu faire quelques clins d’œil à Metal Gear Rising via la figure de Monsoon qui, pour rappel, est cambodgien ayant connu, enfant, le conflit. Dans la même veine, on peut dire aussi qu’il aurait été bon d’intégrer ce conflit au vu de la politique étrangère américaine voulant « se venger » du Vietnam après 1975, en plus de ce qui a été dit plus haut. Et ce manque du Cambodge dans MGSV TPP, malheureusement, amoindrit la dernière incrimination que lègue Kojima dans son ultime MGS face à la Guerre froide.

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Imaginer Venom Snake, dans une jungle cambodgienne, en 1984, face aux forces vietnamiennes et progouvernementales de Phnom Penh
  • les notes de bas de page:

[1] INDOMEMOIRES, « Le Cambodge, la révolution meurtrière – CR de lecture par Damien Corneloup », Hypotheses, Fevrier 5, 2019, https://indomemoires.hypotheses.org/33737 (visité le 8/04/2022)

[2] Paul Isoart, « La difficile paix au Cambodge », Annuaire français de droit international 36, (1990) : 267, https://doi.org/10.3406/afdi.1990.2961

[3] Ibid., 269.

[4] INDOMEMOIRES, « Le Cambodge. »

[5] Sara Lanoye, « Les crimes du régime Khmer rouge au Cambodge », RCN-Justice et Démocratie, 2020, https://rcn-ong.be/wp-content/uploads/2020/02/Fiche-Les-crimes-du-r%C3%A9gime-Khmer-Rouge-au-Cambodge.pdf (visité le 8/04/2022)

[6] GEO avec AFP, « Cambodge : des atrocités des Khmers rouges au décès de Douch, bourreau du régime », GEO, septembre 2, 2020, https://www.geo.fr/histoire/cambodge-des-atrocites-des-khmers-rouges-au-deces-de-douch-bourreau-du-regime-201922 (visité le 8/04/2022)

[7] Ben Kiernan, Éric Vigne, « Le communisme racial des Khmers rouges: Un génocide et son négationnisme : le cas du Cambodge », Esprit 5, No.252 (1999) : 93-127, https://www.jstor.org/stable/24280322

[8] Ibid., 106

[9] Ibid., 109

[10] Ibid., 112

[11] AFP, « Khmers rouges: évocation inédite du «génocide» de la minorité musulmane », Le Devoir, septembre 8, 2015, https://www.ledevoir.com/societe/449475/khmers-rouges-evocation-inedite-du-genocide-de-la-minorite-musulmane (visité le 31/05/2023)

[12] Kara Iskandar, « Les Khmers rouge au Cambodge (1975-1979) », Histoire pour tous, mai 25, 2023, https://www.histoire-pour-tous.fr/dossiers/2614-le-cambodge-des-kmmers-rouges-17-avril-1975.html (visité le 31/05/2023)

[13] Isoart, « La difficile paix », 268.

Avant 1969, le Cambodge est dans une position de neutralité face à la guerre qui se déroule chez son voisin vietnamien. Cependant, en 1969, beaucoup de soldats de l’armée nord-vietnamienne stationnée près de la frontière devront se replier/disperser au Cambodge suite aux bombardements massifs américains dans la zone. Cette « immigration » sera mal perçue par la population locale, surtout dès 1970 avec l’intervention des E-U dans le pays.

[14] INDOMEMOIRES, « Le Cambodge. »

[15] Isoart, « La difficile paix », 270.

[16] Ibidem.

[17] Peter Schier, « Cambodge 1979-1989 : rechercher la vérité et la paix », Politique Etrangère 54, no.4 (1989) : 672-3, http://www.jstor.org/stable/42676648

[18] Ibid., 674.

Pour rappeler, la collectivisation, selon les vietnamiens, se fait en 3 groupes repartis en critère d’industrialisation, de rendement, ect. Pour le coup, le Vietnam fait pression pour que cela se fasse par le haut (1er groupe-type) avec une modernisation des moyens de production, ect. 

[19] Ibid., 675.

[20] Ibid., 676.

[21] François Guilbert, « Cambodge : la guerre, toujours la guerre ! », Cultures et Conflits 1, (1990) : 8, : https://doi.org/10.4000/conflits.74

[22] Isoart, « La difficile paix », 274.

[23] Nayan Chanda, « Le Cambodge et les grandes puissances », Politique Etrangère 54, no.4 (1989) : 640, http://www.jstor.org/stable/42676645

[24] Jean-Phillipe Béja, « La Chine et l’ASEAN devant le conflit cambodgien », Revue Française de Science Politique 32, no.3 (1982) : 395, http://www.jstor.org/stable/43118331

[25] Ibid., 396.

[26] Chanda, « Le Cambodge », 641.

[27] Béja, « La Chine », 396.

[28] Ibid., 398.

[29] Ibid., 402

[30] Ibid., 403

[31] Chanda, « Le Cambodge », 642.

[32] Ibid., 648.

[33] Ibidem.

[34] Ibid., 649-50.

[35] Guilbert, « Cambodge », 6.

[36] Ibid., 7.

[37] Ibidem.

[38] Béja, « La Chine », 404.

[39] Ibid., 405.

[40] Ibid., 398.

[41] Ibidem.

[42] Guilbert, « Cambodge », 1.

[43] Ibid., 5

[44] Raoul M. Jennar, « l’ONU au Cambodge. Les leçons de l’APRONUC », Etudes internationales 26, no.2 (1995) : 303, https://doi.org/10.7202/703457ar

[45] Chanda, « Le Cambodge », 645.

[46] Ibidem.

[47] Ibid., 647.

[48] Isoart, « La difficle paix », 290.

[49] Chanda, « Le Cambodge », 642.

[50] Ibid., 643.

[51] Ibidem.

[52] Isoart, « la difficile paix », 271.

[53] Ibid., 273.

[54] Ibidem.

[55] Ibid., 276.

[56] Ibidem.

[57] Pierre Journaud, « De la naissance de l’OTASE à l’accord de paix sur le Cambodge : la France, la Grande-Bretagne et la sécurité en Asie du Sud-Est pendant la Guerre froide », Relations internationales 168, no.4 (2016) : 43, https://doi.org/10.3917/ri.168.0029

[58] Isoart, « La difficile paix », 278.

[59] Ibid., 280.

[60] Ibidem.

Le Prince se retire afin d’éviter un retour en force politique des Khmers rouges.

[61] Ibidem.

[62] Ibid., 293

[63] Ibid., 294

[64] Jennar, « l’ONU », 294.

[65] Ibid., 295.

[66] Ibid., 309.

[67] Ibid., 302.

[68] Ibid., 296-8.

[69] Ibid., 299.

[70] Ibid., 300.

[71] Ibidem.

[72] Claude Cadarat, « La Chine et les conflits de l’Afghanistan et du Cambodge », Revue française de science politique 32, no.3 (1982) : 407-29, https://doi.org/10.3406/rfsp.1982.411192

[73] Max Leroy, « Agent orange : la guerre du Viêt Nam n’est pas finie », Ballast 2, no.15 (2015) : 74-85, https://doi.org/10.3917/ball.003.0074

[74] Laury-Anne Cholez, « L’« agent orange », le poison de la guerre du Vietnam, en procès », Reporterre, janvier 25, 2021, https://reporterre.net/L-agent-orange-le-poison-de-la-guerre-du-Vietnam-en-proces (visité le 27/05/2023)


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